Le spectacle visuel !
Le spectacle céleste offert le 1er décembre 2008 par la triple conjonction Lune-Vénus-Jupiter restera gravé dans les mémoires ! Car si on n’a eu la chance de le contempler à l’œil nu comme ici à Draguignan (photo ci-contre), on peut encore visualiser les multiples photos prises de par le monde par de nombreux témoins, tous aussi émerveillés les uns que les autres.
Ce qui est intéressant à observer est que chaque lieu sur Terre en a eu une vision un peu différente, en fonction de l’heure (il ne faisait pas nuit partout en même temps) ou de la latitude terrestre du lieu de l’observation. Certains on vu une visage souriant comme en Asie quelques heures avant la conjonction exacte, d’autres un alignement presque parfait comme au Rwanda ou au Kenya, et d’autres encore en Europe, l’occultation réelle de Vénus par la Lune. La photo que j’ai prise à Draguignan date du moment où Vénus, comme un diamant scintillant, venait de réapparaître sous le disque lunaire. Jupiter, quant à lui, apparaît dans le coin supérieur droit de la photo.
Voici quelques liens Internet en témoignant :
Le site de l’Iota donne les heures de la disparition et de la réapparition de Vénus (là où l’occultation fut centrale, la durée de disparition de Vénus derrière la Lune fut d’environ 1h30) :
http://www.lunar-occultations.com/iota/planets08/1201venus.htm
Le site de la BBC propose quelques belles photos (voir entre autres les photos n°3, 5 et 9) :
http://news.bbc.co.uk/2/hi/in_pictures/7759643.stm
Sur le site de Spaceweather, des pages sont complétées chaque jour par de nouvelles photos, toutes aussi superbes les unes que les autres (à voir absolument) :
http://spaceweather.com/conjunctions/gallery_01dec08.htm
Encore d’autres photos à partir de ces deux liens : cliquer les liens sous "more images".
http://spaceweather.com/archive.php?month=12&day=01&year=2008&view=view
http://spaceweather.com/archive.php?month=12&day=02&year=2008&view=view
Des éphémérides aux cartes du ciel
Tout astrologue muni de bonnes éphémérides pouvait facilement prévoir que la Lune, Vénus et Jupiter avaient ce jour là un rendez-vous particulier dans le ciel à 22° du Capricorne. D’autres, l’auront observé simplement grâce à leur logiciel de calcul favori.
Malheureusement, ils seront peu à avoir été conscients de l’occultation de Vénus ! Pourquoi ? Simplement parce que la plupart voient le ciel en deux dimensions, comme un cercle de longitudes dessiné sur une feuille de papier, alors qu’en réalité le ciel possède une 3e dimension, la déclinaison.
Le Rainbow Ephemeris cherche à remédier à cette situation en incluant d’avantages de données relatives à la 3e dimension du mouvement des planètes. Le tableau ci-dessous indique clairement que du point de vue géocentrique, la conjonction Vénus-Jupiter était séparée par 2° d’écart en déclinaison, alors que la conjonction Lune-Vénus n’était séparée que de 0°46’. Pour plus de clarté, souvenons-nous que les données géocentriques des éphémérides sont calculées depuis le centre de la Terre. Comme en réalité nous vivons sur sa surface, à plus de 6.000 km de son centre, les astres proches de nous comme la Lune ou Vénus nous apparaissent avec une perspective topocentrique non négligeable.
C’est pourquoi les photos rapportées de l’événement céleste nous montrent Vénus et Jupiter assez distants l’un de l’autre, alors que la Lune et Vénus étaient davantage rapprochées l’une de l’autre.
Les photos de cette occultation de Vénus nous font aussi prendre d’avantage conscience que l’heure de sa conjonction en longitude indiquée dans les éphémérides ne signifie pas qu’elle aura lieu exactement à cette heure là sur chaque point de la surface terrestre ! Un peu comme le cône d’ombre d’une éclipse de Soleil qui se déplace d’Ouest en Est à la surface du globe, la zone de visibilité de l’occultation se déplace aussi d’Ouest en Est. La zone touchée par l’occultation est représentée sur la carte du monde réalisée par le logiciel Occult4.
Le phénomène a commencé à l’Est du Canada (mais n’était pas visible à l’œil car il avait lieu au milieu de la journée), puis il a été pu être observé en premier lieu au Maroc, puis en Irlande, ensuite en Grande-Bretagne, et enfin sur le reste du continent européen au fur et à mesure de son avancée. Si souvent il faisait encore jour au moment de la disparition de Vénus, la nuit était tombée lors de sa réapparition.
Voici enfin plusieurs cartes du ciel de la conjonction en longitude à 15h43 GMT (16h43 en France), et enfin celles du moment où j’ai fait la photo, un peu après la réapparition de Vénus à 17h30 GMT (18h30 à Draguignan). La réglette des déclinaisons (à gauche) et l’astrocartographie correspondent au 1er thème, celui de 15h43 GMT.
Cette occultation de Vénus est l’occasion de mieux comprendre la relation entre les cartes du ciel utilisées en astrologie et les trajectoires réelles des planètes dans le ciel.
L’astrocartographie montre la projection des planètes sur la sphère terrestre. Au moment de la conjonction en longitude Lune-Vénus, à 15h43 GMT, on observe que la triple conjonction culmine dans l’hémisphère Sud au milieu de l’océan Atlantique à une longitude terrestre de 14° Ouest et une latitude terrestre d’environ 23° Sud.
Comme la latitude terrestre équivaut à la déclinaison (mesurée depuis l’équateur), la réglette des déclinaisons (à gauche) nous indique plus précisément que Jupiter est à 21°58’S, la Lune à 23°08’S et Vénus à 23°54’S. C’est bien ce que nous avons observé dans le ciel : Vénus, la plus au Sud, était plus basse dans le ciel que Jupiter, et effectivement 2° les séparaient.
L’astrocartographie montre aussi que la conjonction est située légèrement en dessous de l’écliptique : les 3 astres possèdent en effet une latitude céleste Sud (mesuré depuis l’écliptique). Le logiciel Zodiac indique en effet que Jupiter possède alors une latitude de 0°23’S, la Lune 1°36S et Vénus 2°23’S. Comme la latitude céleste est incluse dans la déclinaison, les coordonnées de cette dernière sont suffisantes pour nous faire une idée de la situation du ciel : la conjonction Vénus-Jupiter n’est pas particulièrement serrée puisque 2° les séparent en déclinaison.
Mais alors, pourquoi voyons-nous sur la photo Jupiter à la droite de Vénus, et non pile au dessus puisque Vénus était plus au Sud ? Comme à ce moment-là la conjonction entrait en Maison 7 et se dirigeait vers son coucher, on peut facilement visualiser que l’écliptique formait là un angle oblique avec l’horizon et que l’axe Vénus-Jupiter était lui-même perpendiculaire à l’écliptique. Jupiter était dans le ciel au-dessus de Vénus quelques heures plus tôt alors qu’ils passaient en conjonction au Milieu du Ciel.
15h43 GMT (conjonction) Longitudes 17h30 GMT (photo)
Autre observation spécifique à propos du thème ci-dessus
Le thème de 17h30 peut laisser croire que Pluton vient de se coucher puisqu’il occupe la Maison 6. Mais en réalité, comme il a une latitude de 5°45’N, il est encore au dessus de l’horizon en Maison 7 comme l’indique le "thème en domitude" ci-dessous… En effet, le thème en domitude (in mundo) représente les positions réelles des planètes en Maisons. Dresser le thème en domitude nous permet de mieux visualiser les conséquences des effets de perspective causés par les différences de latitude céleste.
Thèmes en Domitudes (In Mundo)
Perspectives horizontales (thème visuel)
Bien que très instructif sur la position des planètes projetées dans les Maisons, le thème en domitude nous apparaît encore en deux dimensions, comme sur une feuille de papier... Pour mieux comprendre ces projections, le "thème visuel" ou "perspective horizontale" permet de visualiser la position de l'écliptique par rapport à l'horizon et au Milieu du Ciel, ainsi que comment la latitude Nord ou Sud des planètes sont ensuite projetées en domitude. Nous pouvons ici visualiser les latitudes Nord de Saturne et Pluton et les latitudes Sud de la Lune et Vénus.
Le thème visuel a l'avantage de refléter au mieux ce qu'on observerait directement dans le ciel si on pouvait clairement voir l'écliptique et les planètes à l'oeil nu...
